samedi 26 février 2011

Voyage à 2

(Avant de lire, allez au message suivant évoquant le lac rose)

La visite au bord du lac rose s'est bien passée ? Et la famille, ça va ? Et les voisins ? Et les chèvres ? Et les poules ? ...



Donc, nous avons débuté notre voyage à 2 dimanche 20 février. On a assisté à la démonstration de Mansour et Badj au grand prix international de saut d'obstacle. Les barres sont à 1m20, et comme dans tout sport, quand on a des amis en compétition, on vibre pour eux. C'était très beau, et leur modestie ne gache rien à la performance !
Le matin , Karim, un autre ami, a gagné sa compet... Une journée de gagnée !

Le soir, on a planté la tente chez eux, donc ça c'est cool. Les gars sont passionnés d'équitation, alors lors des poses, ils regardent Equidia, la chaîne spécialisée du satellite. Pour Rama, qui n'est pas trop du milieu équin, c'est un peu dur. Alors c'est avec joie qu'elle nous a conduit au marché le lendemain, pour acheter tout le nécessaire pour cuisiner Le plat sénégalais : Le Thié bou dien (Littéralement, le riz au poisson) .Mais ce titre est trompeur, car beaucoup de légumes composent le plat : aubergine, carotte, patate douce, aubergine Sénégalaise (un peu piquante), oignon, tomate. Une sauce au tamarin est aussi préparée (ça pique un peu). Du poivre et du piment sont nécessaires également.
Bref, un repas complet, bien gras, dégusté traditionnellement à la main, par terre, et tous dans le même grand plat.


Le soir, nous avons aussi fait du Bissap (jus de fleurs d'hibiscus très sucré), du jus de Bouye, avec le fruit à pain du baobab, très bon pour la diarrhée. Il servira bien 2 jours plus tard après le maffé aux arachides un peu liquéfiant...

Ici, c'est la Teranga, l'hospitalité Sénégalaise. On invite les passants à nous rejoindre autour du plat, c'est comme ça. Mais la vraie Teranga, c'est celle qu'on vit à St Louis en ce moment. Ils en sont très fiers, et nous la font vivre depuis notre arrivée ici mardi.
Pour arriver ici, on a mis 4 heures de trajet FOU pour rejoindre l'ancienne capitale coloniale française où nous sommes arrivés exténués de stress et de manque de sommeil. Réveillés à 5h30 et levés en catastrophe à 5h54 après s'être rendormis, on se prépare en 24 minutes chrono, pliage de la tente et tout compris : record absolu !
Le taxi nous attendait pour nous amener au bus. Bon, d'abord, on l'a attendu au mauvais endroit, et après, on l'a vu. Et comment dire, il avait un air penché... très penché. Du style qui ne vous donne pas envie de voyager avec, d'autant que seules les places de fond sont libres. Ce n'est pas comme au collège ou en colo, où les boss vont au font. Tout voyageur comme nous sait qu'au fond, les supensions , c'est pas ça du tout. Surtout quand tu as les fesses perforées par les ressorts du siège troué...
Alors on a pris un 7 places... Voiture break. Plus cher (le double), plus rapide, mais pas plus sécurisé. Ils roulent comme des fous pour espérer faire 2 voyages par jours, alors chaque secondes compte... même quand un camion arrive en face en faisant des appels de phares.
L'expérience internationale aquise, fait qu'il ne faut pas attendre que les autochtones réagissent. Tout le monde attend que les autres le fassent. J'agis, après ils approuvèrent en disant que ce n'est pas normal, ce qui eut son impact, vu les notables qu'ils étaient.
Derrière nous, les 2 allemandes n'en pouvaient plus. Elles n'ont pas eu peur car elles ne voyaient pas la route, mais leur voisine, très imposante, les poussaient du coude. L'allemande d' 1m90, avec ses genoux dans le menton, n'en pouvait plus... et on l'a compris !
Donc, on a pas fermé l'oeil du trajet, comme prévu, et les 35 °C qui nous accueillaient étaient assomants ! Heureusement, la famille où nous étions attendus nous a demandé de nous mettre à l'aise. Et le Thie bou dien était excellent !

La famille, c'est chez la soeur de Karim. Rappelez-vous, Amoul solo, ya pas de problem' !
Donc Amoul solo + Teranga = Sénégal ! C'est l'équation du séjour si on met les oeillères sur la dure réalité du quotidien de 90 % de la population.

Et les oeillères, on ne les a pas prises, même si c'est dur et que des fois on tourne la tête. Certes, beaucoup de rencontres sont aussi purement intéressées : ventes, tours touristiques, cadeaux, mais avec Mokhtar ce fut différent. Vraiment.

Son histoire, c'est un roman. Pas drole. D'aventure. Tragique.
Mokhtar, c'est un pêcheur, parlant très bien français. Son grand père, tirailleur Sénégalais, blessé de guerre 14-18, qui rentra sur un fauteuil, falcifia son âge pour lui permettre d'aller à l'école. Il avait dépassé l'âge, mais avec un peu d'argent, on changea sa date de naissance car l'âge d'entrée en scolarité était dépassé.






Concernant son grand-père, je vous avais prévenu, c'est pas drôle, mais il ne faut pas oublier qu'on arracha de force beaucoup de jeunes africains pour les envoyer au front (1ère GM, 2ème GM, colonisation en asie...).
Après, il nous guida au marché de poisson, à l'arrivée des pirogues, au transport de poisson dans les bacs à glace... On a appris que les nord coréens, qui pêchent avec des chalutiers, embarquent des pirogues pour des mois pour les faire pêcher et en empocher la mise. En attendant que les papiers administratifs se fassent, 2 mois des fois, ils pêchent à la dynamite, ce qui est interdit, car les pertes sont énormes, et les poissons détruits flottent sur l'eau. Mokhtar le voit bien lorsqu'il va pêcher 6 jours durant avec ses 6 compagnons. 5 pêcheurs, un capitaine et un enfant qui écope l'eau. Il leur faut rentabiliser les 300 litres d'essence consommés (1 litre à plus d' 1 €). Ils pêchent à la ligne mais sans canne. Au doigt. Il nous fait toucher, on dirait une corne tellement son petit doigt est dur.
On évoqua les accident en mer, sa tentative d'exil en pirogue...
Bref, j'abrège car ça ne sert à rien de tout détailler, mais la vie de cet homme est incroyablement dure... Et, ici ce n'est pas exceptionnel.
Cette rencontre fût exceptionnelle, vous vous en doutez. Pas dure, malgré les propos, car raconté sans alarmisme, beaucoup de sincérité et de simplicité...
Merci Mokthar et bon courage.
Les photos :

Lac rose

Le lac rose ne l'est pas tout à fait. Est-ce du à sa sur-exploitation ?
En effet, plus de 400 piroguiers voguent sur ses eaux pour récolter du sel. Au prix d'efforts sur-humain, ils arrivent à charger 1,5 tonnes de sel par voyage. Grâce à une pelle à long manche (pelle perpendiculaire au manche), ils creusent les fonds. C'est terriblement dur.
A l'arrivée au bord, ce sont presque exclusivement des femmes qui déchargent les barques, avec de grosses bassines portées sur la tête. Elles parcourent une 20aine de metres pour gagner à chaque voyage 50F CFA (7,5 centimes d'euros). Avec 60 voyages par barque c'est 3000 F de gagné. Les plus courageuses arrivent à décharger 6 barques. Elles sont pieds nus ou en claquettes sur le sol salé. Leur peau doit être dans un de ces états !

Ensuite ce sont des vieux qui mettent en sacs de 25 ou 50 kg. Mais ils ne pèsent pas, car les machines ne tiennent pas dans cet univers si salé. Alors ils remplissent des sac qui pèsent certainement beaucoup plus...

Un homme nous a tout raconté, trop gentil. C'est terrible, car un sac vide coûte 80 F, ce qui parraît énorme, car il gagne 45 F par sac de 25 kg.

Depuis son échec, il retenterait bien de partir en pirogue pour arriver aux canaries, et émigrer vers l'Europe. Parce que là bas, "l'exploitation de l'homme par l'homme raporte quand même plus".

25 F par sac sont prfélevés pour profiter au village, ce qui n'est pas mal à ses yeux.

Vincent et moi avons été invités à entasser les sacs de 50 kg sur un camion (70 kg en fait). 25 tonnes sont à ranger. Les sacs sont mous, très durs à empoigner car le sac en plastique nous taille les mains. Les gants ne durent pas en ces lieux... Les gars sont balèses, ils arrivent à parler et tout nous expliquer en travaillant, et avec le sourire. Deux gars portent sur leur tête les sacs jusque sur la plate-forme du camion. Impressionnant, car ils courent avec le chargement sur la tête !

Quelques heures plus tard, nous doublerons le camion bien chargé en roulant vers Dakar... avec nos 10 pauvres sacs portés laborieusement. 20000 FCFA (30€) à se partager à 7... voilà de l'argent bien gagné. Bravo à eux !

Tout ceci est dément. Surtout que le sel alimente pour parti les pays limitrophes pour la consommation culinaire, mais est aussi exporté pour saler nos chères routes l'hiver. C'est fou non ? Donc, merci à eux si notre économie perdure lors de nos hivers !

A bientôt


Les photos

L'album précédent a été complété :

mercredi 23 février 2011

mardi 22 février 2011

Vacances à 4 terminées

Salamaleykoum !

Voilà, Sylvana et Vincent nous ont quittés samedi soir. Retour en France nostalgique pour tous les deux, évidemment...
Nous ça nous fait bizarre aussi, ce sont donc de nouvelles vacances qui démarrent.

Ces deux semaines à 4 nous sommes donc essentiellement restés à Dakar, bien à l'aise dans notre maison au bord de l'océan. Tous les soirs, les copains étaient à la maison, à partager une bière en discutant du bon vieux temps ou de ce qu'ils sont devenus, comment ils voient la vie à Dakar actuellement...

On a visité le centre ville, retrouvé la maison de Sylvana avec beaucoup d'émotion (elle y a vécu 11 ans), retrouvé mon appartement difficilement car la rue a bien changé, mangé des chawarmas et des frites chez Ali Baba comme au bon vieux temps... On a fait le marché artisanal et craqué pour quelques achats en essayant de ne pas trop se faire avoir comme de bons vieux touristes que nous sommes devenus !

Les deux week end on a eu la chance de pouvoir assister à des concours hippiques. On a revu quelques cavaliers avec grand plaisir, initié Vincent et Anthony au saut d'obstacles (non, non, ils n'ont pas eu l'air trop saoûlés, même plutôt intéressés !).

Côté visites, après l'île de Gorée , on a quitté Dakar pour passer 3 jours sur la petite côte. Après 2 heures passées à attendre que le petit bus se remplisse et 2 heures de trajet, on s'est arrêté à Popenguine : petit village tranquille, à 60 km au sud de Dakar. On a dormi dans un campement géré par le RFPPN (Regroupement de Femmes Pour le Protection de la Nature), soutenu par la fondation Nicolas Hulot. Incroyable le boulot accompli par ces femmes depuis une dizaine d'années. Elles ont replanté la mangrove, écosystème en danger, et gèrent la réserve naturelle de Popenguine (site d'hivernage pour des oiseaux migrateurs). Nous avons visité cette réserve le lendemain, en compagnie d'un guide.
Beaucoup d'heures de marche plus tard, on est arrivé à Saly car on devait y retrouver le frère d'un ami. Un plan foireux, on a terminé dans une auberge qui coûtait bien trop cher, écoeurés par le luxe insolent qui règne dans cette partie du pays, à quelques kilomètres seulement de la misère traversée dans le village précédent.

De retour à Dakar nous avons retrouvé nos amis et le contact beaucoup plus "vrai" et sincère de sénégalais non pourris par le tourisme de masse.

Point important à signaler : j'ai perdu notre grand concours de fouillre ! Faut dire que me sentant en confiance j'ai cumulé la mangue verte au sel/piment, la made, les "cerises" et le verre de jus de bissap à l'eau du robinet...
Rien de bien méchant au final.
Vincent, lui, nous a bien fait flipper : à 4 h du mat on était aux urgences dans une clinique car il pissait du sang ! Joeux anniversaire Vince ! Antibiotiques et tout est rentré dans l'ordre.

On a continué nos visites avec le musée d'art africain, puis les Mamelles, deux collines rocheuses du haut desquelles on a une superbe vue sur Dakar, l'océan et la presqu'île du Cap Vert. Sur l'une d'elle a été érigée une sculpture haute de 50 m, monument dédié à la Renaissance africaine. Cette construction initiée par le Président Wade a suscitée de nombreuses critiques, et pour cause, elle a coûté l'équivalent d'une 20aine de millions d'euros ! Pendant ce temps les Dakarois n'ont même pas accès à l'électricité... Et oui ! Des problèmes de production plongent les habitants de la capitale dans le noir plusieurs heures par jour, chaque jour, depuis des mois...

Voilà pourquoi on a tant de retard sur le blog, et pourquoi ce post est si long !

Nous avons eu la chance d'assister à deux événements : le match amical Sénégal / Gambie avec une belle ambiance au son des jembés, et un grand combat de lutte sénégalaise au stade. La lutte c'était vraiment quelque chose ! C'est le sport national du pays, qui prend une ampleur incroyable. Près de 4h de spectacle, pour seulement 5 combats qui ne durent que quelques minutes. C'est toute une mise en scène, qui mêle la danse, la musique et la religion. Les griots se déchaînent sur leurs tam-tam, le lutteur danse, la foule lui crie sa joie, son soutien. Gestes et maraboutages font partie du rituel, pour mettre toutes les chances de son côté.
C'était à voir, vraiment !

Les photos :

https://picasaweb.google.com/Anthonymarre80/DakarSemaine2

vendredi 18 février 2011

L'île de Gorée


Mardi 8 février nous avons visité l'île de Gorée.
C'est un lieu symbole de la traite des esclaves, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. Le grand symbole est celui-ci : la maison des esclaves. Sous l'escalier : des cellules. Celle des hommes, celle des femmes, celle des enfants et celle des récalcitrants. Ils étaient entassés à 15 ou 20 dans ces petites cellules, enchaînés, en attente du départ pour l'Amérique. Tout a été laissé en l'état, l'atmosphère est lugubre, glaciale, ça prend aux tripes...
Au fond, cette petite ouverture lumineuse : la porte du voyage sans retour, là où les esclaves embarquaient sur les voiliers.

Cette visite a marqué notre journée entière passée sur l'île.
Nous étions en compagnie d'un guide adorable, qui a pris son temps, nous a tout expliqué : la vie sur l'île, les restes de canons de la 2nde guerre mondiale, l'utilisation des diverses plantes en médecine traditionnelle... Nous avons rapporté cette fameuse "graine de belle-mère", attention ! Si elle t'embête, tu lui mets ça dans sa nourriture et il paraît que les ennuis s'arrêtent !!
Quant au fruit du baobab : c'est l'imodium local, pour lutter contre le rhume des fesses !

mardi 8 février 2011

Amoul solo !

Sala malekoum !
La version 2011 est arrivée ! C'est le Pérou au Sénégal, amoul solo : y a pas de problèmes !!
Non, non, vraiment ici y a pas de problème, tout est possible, tout s'arrange toujours.

Ca va ? Et la famille, ça va ? Et les enfants ? Et les parents ?
Ca va bien ici à Dakar, il fait bon, on a une maison face à la mer. Cafards et eau froide font partie du lot, impec. On a retrouvé nos potes avec beaucoup de plaisir, déjà de belles soirées autour d'une Flag ou d'une Gazelle...
Aujourd'hui on était à Gorée, demain direction la petite côte : Sally, forêt de baobabs, Joal Fadiouth...
Les photos on verra plus tard, on a peu de temps et on profite plutôt d'être à 4 pour l'instant.

Babenen yoon