La visite au bord du lac rose s'est bien passée ? Et la famille, ça va ? Et les voisins ? Et les chèvres ? Et les poules ? ...
Donc, nous avons débuté notre voyage à 2 dimanche 20 février. On a assisté à la démonstration de Mansour et Badj au grand prix international de saut d'obstacle. Les barres sont à 1m20, et comme dans tout sport, quand on a des amis en compétition, on vibre pour eux. C'était très beau, et leur modestie ne gache rien à la performance !
Le matin , Karim, un autre ami, a gagné sa compet... Une journée de gagnée !
Le soir, on a planté la tente chez eux, donc ça c'est cool. Les gars sont passionnés d'équitation, alors lors des poses, ils regardent Equidia, la chaîne spécialisée du satellite. Pour Rama, qui n'est pas trop du milieu équin, c'est un peu dur. Alors c'est avec joie qu'elle nous a conduit au marché le lendemain, pour acheter tout le nécessaire pour cuisiner Le plat sénégalais : Le Thié bou dien (Littéralement, le riz au poisson) .Mais ce titre est trompeur, car beaucoup de légumes composent le plat : aubergine, carotte, patate douce, aubergine Sénégalaise (un peu piquante), oignon, tomate. Une sauce au tamarin est aussi préparée (ça pique un peu). Du poivre et du piment sont nécessaires également.
Bref, un repas complet, bien gras, dégusté traditionnellement à la main, par terre, et tous dans le même grand plat.
Le soir, nous avons aussi fait du Bissap (jus de fleurs d'hibiscus très sucré), du jus de Bouye, avec le fruit à pain du baobab, très bon pour la diarrhée. Il servira bien 2 jours plus tard après le maffé aux arachides un peu liquéfiant...
Ici, c'est la Teranga, l'hospitalité Sénégalaise. On invite les passants à nous rejoindre autour du plat, c'est comme ça. Mais la vraie Teranga, c'est celle qu'on vit à St Louis en ce moment. Ils en sont très fiers, et nous la font vivre depuis notre arrivée ici mardi.
Pour arriver ici, on a mis 4 heures de trajet FOU pour rejoindre l'ancienne capitale coloniale française où nous sommes arrivés exténués de stress et de manque de sommeil. Réveillés à 5h30 et levés en catastrophe à 5h54 après s'être rendormis, on se prépare en 24 minutes chrono, pliage de la tente et tout compris : record absolu !
Le taxi nous attendait pour nous amener au bus. Bon, d'abord, on l'a attendu au mauvais endroit, et après, on l'a vu. Et comment dire, il avait un air penché... très penché. Du style qui ne vous donne pas envie de voyager avec, d'autant que seules les places de fond sont libres. Ce n'est pas comme au collège ou en colo, où les boss vont au font. Tout voyageur comme nous sait qu'au fond, les supensions , c'est pas ça du tout. Surtout quand tu as les fesses perforées par les ressorts du siège troué...
Alors on a pris un 7 places... Voiture break. Plus cher (le double), plus rapide, mais pas plus sécurisé. Ils roulent comme des fous pour espérer faire 2 voyages par jours, alors chaque secondes compte... même quand un camion arrive en face en faisant des appels de phares.
L'expérience internationale aquise, fait qu'il ne faut pas attendre que les autochtones réagissent. Tout le monde attend que les autres le fassent. J'agis, après ils approuvèrent en disant que ce n'est pas normal, ce qui eut son impact, vu les notables qu'ils étaient.
Derrière nous, les 2 allemandes n'en pouvaient plus. Elles n'ont pas eu peur car elles ne voyaient pas la route, mais leur voisine, très imposante, les poussaient du coude. L'allemande d' 1m90, avec ses genoux dans le menton, n'en pouvait plus... et on l'a compris !
Donc, on a pas fermé l'oeil du trajet, comme prévu, et les 35 °C qui nous accueillaient étaient assomants ! Heureusement, la famille où nous étions attendus nous a demandé de nous mettre à l'aise. Et le Thie bou dien était excellent !
La famille, c'est chez la soeur de Karim. Rappelez-vous, Amoul solo, ya pas de problem' !
Donc Amoul solo + Teranga = Sénégal ! C'est l'équation du séjour si on met les oeillères sur la dure réalité du quotidien de 90 % de la population.
Et les oeillères, on ne les a pas prises, même si c'est dur et que des fois on tourne la tête. Certes, beaucoup de rencontres sont aussi purement intéressées : ventes, tours touristiques, cadeaux, mais avec Mokhtar ce fut différent. Vraiment.
Son histoire, c'est un roman. Pas drole. D'aventure. Tragique.
Mokhtar, c'est un pêcheur, parlant très bien français. Son grand père, tirailleur Sénégalais, blessé de guerre 14-18, qui rentra sur un fauteuil, falcifia son âge pour lui permettre d'aller à l'école. Il avait dépassé l'âge, mais avec un peu d'argent, on changea sa date de naissance car l'âge d'entrée en scolarité était dépassé.
Concernant son grand-père, je vous avais prévenu, c'est pas drôle, mais il ne faut pas oublier qu'on arracha de force beaucoup de jeunes africains pour les envoyer au front (1ère GM, 2ème GM, colonisation en asie...).
Après, il nous guida au marché de poisson, à l'arrivée des pirogues, au transport de poisson dans les bacs à glace... On a appris que les nord coréens, qui pêchent avec des chalutiers, embarquent des pirogues pour des mois pour les faire pêcher et en empocher la mise. En attendant que les papiers administratifs se fassent, 2 mois des fois, ils pêchent à la dynamite, ce qui est interdit, car les pertes sont énormes, et les poissons détruits flottent sur l'eau. Mokhtar le voit bien lorsqu'il va pêcher 6 jours durant avec ses 6 compagnons. 5 pêcheurs, un capitaine et un enfant qui écope l'eau. Il leur faut rentabiliser les 300 litres d'essence consommés (1 litre à plus d' 1 €). Ils pêchent à la ligne mais sans canne. Au doigt. Il nous fait toucher, on dirait une corne tellement son petit doigt est dur.
On évoqua les accident en mer, sa tentative d'exil en pirogue...
Bref, j'abrège car ça ne sert à rien de tout détailler, mais la vie de cet homme est incroyablement dure... Et, ici ce n'est pas exceptionnel.
Cette rencontre fût exceptionnelle, vous vous en doutez. Pas dure, malgré les propos, car raconté sans alarmisme, beaucoup de sincérité et de simplicité...
Merci Mokthar et bon courage.
Les photos :